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Le POINT au 31 DECEMBRE.

 

Il est admis que la migration automnale se termine le premier jour de l'hiver soit le 21 décembre. Sauf vague de froid significative avec gel prolongé et neige, qui peuvent nous envoyer les Bécasses séjournant encore dans les pays de transit-hivernage, (il en reste certainement peu dans les grands pays de reproduction) la migration est terminée. Nous ne rencontrerons maintenant dans les bois, que les hivernantes survivantes cantonnées et celles provenant des mouvements erratiques, qui se produisent en fonction des conditions météo ( neige, baisse des températures, tempêtes) et la recherche de nourriture. Ces Bécasses qui seront levées en janvier et février ont été pour leur grande majorité déjà comptées et recomptées depuis 2 mois. Pour ces raisons, nous utilisons nos observations et nos indicateurs à fin décembre, pour estimer le niveau de fréquentation, l'age, le sexe, la masse pondérale de la saison.

Rappelons qu'au 31 décembre, 75 à 80% des prélèvements sont réalisés en France et dans presque la totalité des pays d'hivernage.

 

DEROULEMENT de la MIGRATION AUTOMNALE.

 

Dans l'ensemble les arrivées ont été plus tardives que la normale, malgré des conditions météo plutôt favorables en ce qui concerne la force et la direction des vents sur la majorité des grands couloirs migratoires. Par contre les températures longtemps élevées dans les pays de reproduction et de transit, ont incité les Bécasses à musarder pendant leur migration.

Sans surprise la qualité des biotopes dans les pays d'hivernage est restée mauvaise à moyenne, peu réceptive à cause de la sécheresse exceptionnelle par sa longueur et son intensité.

En France les précipitations à partir du mois d'octobre ont été fortes et nombreuses au Nord de la Loire et sur le Centre. Au Sud de la Loire gros déficit de pluie qui n'a pas été comblé par les précipitations automnales.

En conséquence, comme nous l'avions prévu, des concentrations et des déserts, suivant les régions, les départements, les communes. Ces phénomènes de plus en plus récurrents ces dernières années, se sont amplifiés cette saison.

Résultat, si l'on veut rester crédibles, il sera compliqué d'avoir une idée précise du niveau de la fréquentation pendant la migration automnale 2022 et pour l'ensemble de la saison 2022/2023. Grâce à nos correspondants assez bien répartis sur l'ensemble du territoire, qui respectent le même protocole d'observations et de comptages depuis des années, voici globalement ce que nous pouvons dire.

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Les régions Auvergne-Rhône Alpes, Champagne- Ardennes, Franche-Comté, le Centre et la moyenne montagne autour de 1000 mètres ont eu une fréquentation bonne à correcte.

 

Des départements ont reçu un bon contingent de migrateurs, avec des concentrations dans certains secteurs (phénomène des paquets) : Ardèche, Charente, Corrèze, Creuse, Dordogne, Jura, Lot, Lozère.

 

Sauf cas ponctuels, la côte Atlantique-Méditerranée a eu peu à très peu d'oiseaux. Par contre les côtes de la Manche ont eu une bonne présence avec même des concentrations.

 

Pour les trois régions les plus importantes en fréquentation ( environ 40% au niveau national) : Aquitaine, Bretagne, Normandie.

 

Aquitaine. Gironde, Dordogne, Landes, Lot et Garonne, Pyrénées Atlantiques.

 

Cette région, à commencer par la Gironde est un terminus migratoire pour la majorité des Bécasses y posant les pattes.

Petite fréquentation avec de fortes disparités suivant les départements et les communes. Quelques concentrations, beaucoup de déserts, avec des mouvements erratiques d'oiseaux qui avaient la bougeotte, en très grande majorité des jeunes, certainement à cause du manque de proies. Certains territoires considérés comme secondaires ou occasionnels ont reçu un peu plus d'oiseaux, par contre bon nombre de territoires principaux ont enregistré une baisse.

 

Bretagne. Côtes d'Armor, Finistère, Ile et Vilaine, Morbihan .

 

Cette région accueille un effectif Bécasses qui y reste pendant tout l'hivernage, jusqu'à son départ en migration prénuptiale, sauf phénomènes climatiques exceptionnels (rares).

Malgré des quantités de pluie importantes mais sans doute un peu tardives, nous constatons de fortes disparités de fréquentation suivant les secteurs avec des concentrations et des déserts ou presque. Globalement il se dégage comme tendance, une fréquentation normale à tout juste normale pour l'ensemble des départements Bretons. Les Côtes d'Armor auraient eu la fréquentation la plus homogène.

 

Normandie. Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Maritime.

A la fin de la migration automnale, saison considérée comme passable à normale dans les département du Calvados et de la Manche, avec des secteurs bien pourvus surtout la côte, moins à l'intérieur. Dans les autres départements des secteurs assez bien fréquentés et beaucoup de vides. A signaler des concentrations de Bécasses sur la côte lors des chutes de neige début Décembre, avec les prélèvements abusifs qui vont toujours avec. 

 

Pour les régions Paca et Occitanie fréquentation faible à très faible. La sécheresse en est certainement la cause principale.

 

AGE, SEXE, POIDS.

 

Age : Globalement à la chasse les régions ou la fréquentation à été bonne avec le phénomène des paquets, enregistrent un fort pourcentage de jeunes autour de 80%. Sur les autres régions les jeunes serait un peu au dessus de 60%. Au niveau national l'Age/Ratio atteindrait 66%, légèrement plus élevé que la moyenne de la dernière décennie.

 

Au baguage qui s'effectue en grande majorité dans les réserves et sur des secteurs pas ou peu chassés, l'Age/Ratio atteindrait 57% de jeunes, proche de sa valeur moyenne de la dernière décennie.

 

Sexe/Ratio : Les Bécasses sexées sur les régions côtières en particulier l'Aquitaine, montrent un faible pourcentage de mâles 24%, autour de 36% dans les autres départements. Ces valeurs sont plus basses que celles enregistrées sur la dernière décennie au niveau national (entre 38 et 39% de mâles) !

 

Poids : Presque partout en France nous constatons encore cette saison, une tendance à la baisse du poids des Bécasses, jeunes et adultes confondus. Il se situe à 309 grs en moyenne. Ces oiseaux ne sont pas maigres, pas gras non plus, ils sont plus petits, certains ne dépassant pas 260 grs. Cette baisse de la masse pondérale semble plus importante chez les femelles que chez les mâles.

 

 

COMPORTEMENT des BECASSES à la CHASSE.

 

Cette saison nous avons tous rencontré des oiseaux particulièrement sauvages, très pietteurs, partant souvent avant l'arrêt des chiens, faisant de longues remises. Ces observations sont valables aussi bien pour les jeunes que pour les adultes, aussi bien sur les secteurs chassés et prélevés, que sur ceux qui ne le sont pas ou peu. Bien sur nous avons trouvé des « soupières » mais en petit nombre, plutôt sur les oiseaux fatigués venant d'arriver.

Sur les secteurs ou la fréquentation a été bonne avec des concentrations, les Bécasses ont mieux tenu que sur ceux ou la fréquentation a été faible.

Nous nous sommes interrogés sur ces comportements extrêmes. Pour ma part, depuis des années, j'ai constaté ce type de comportement les saisons ou il y avait moins ou peu d'oiseaux sur mes secteurs de chasse. Cette année je pense que la rareté des proies a accentué cette instabilité. Les Bécasses sont perpétuellement en éveil pour s'alimenter, donc prêtes à s'envoler au moindre bruit.

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Face aux dérangements, de plus en plus nombreux, nous pouvons ajouter les réflexions de plusieurs chasseurs de Bécasse. « Il y a une telle pression sur de plus en plus de secteurs chassés, que les oiseaux sont stressés. C'est de la persécution et parfois de l'extermination ». Nous ne sommes pas loin de penser comme eux.

 

CONCLUSION.

 

Au 31 Décembre nous pouvons dire que la fréquentation pendant la migration automnale 2022 est un peu en dessous ou proche de la normale en France.

Vu le pourcentage de jeunes enregistré à la chasse et au baguage nous avons la confirmation que la reproduction a été plutôt bonne. Nous aurions du observer une fréquentation un peu plus importante, en particulier de jeunes.

Pour nous c'est la confirmation de ce que nous constatons depuis des années. La tendance à la baisse de l'effectif reproducteur Européen, qui commence à bien se faire sentir sur le nombre de jeunes aptes à la migration.

Cependant, il est possible que la douceur encore enregistrée dans le Sud, Sud-Ouest de la Russie et dans la plupart des pays de transit-hivernage, puisse avoir bloqué une partie de l'effectif migrateur, surtout les jeunes dans ces pays. C'est une hypothèse recevable.

Si c'est le cas, cet effectif ne bougera que sur un gros coup de froid pour descendre plus au Sud. A cette période déjà avancée de la saison, il n'est pas certain qu'il vienne jusque dans les gros pays d'hivernage. Nous aurons des difficultés pour valider cette hypothèse.

 

Comme il fallait nous y attendre, il y a bien eu des concentrations et des déserts sur l'ensemble du territoire. Il apparaît cependant que le principe des vases communicants n'a pas toujours bien fonctionné, car la hausse de fréquentation sur des secteurs bien pourvus ne compense pas la baisse des autres.

Les résultats sur la fréquentation pendant cette migration automnale 2022, ne changent en rien notre diagnostic sur l'état de conservation du cheptel Bécasse des bois. Il n'est pas bon. Pour les années à venir, nous aurons comme toujours des bonnes, des moyennes et des mauvaises saisons. Le risque c'est que les mauvaises reviennent de plus en plus souvent.

Les informations provenant de nos correspondants d'autres gros pays d'hivernage principalement d'Italie et de Grèce, confirment une fréquentation en moyenne assez proche de celle enregistrée en France.

 

 

La Chasse de la bécasse des bois . 05 Janvier 2023